Cours complet de sérigraphie

© Serge Renoud - ISBN - 2-9512454-1-6

Déformation des supports

Comme aide à la compréhension de ce chapitre servez-vous du questionnaire N°16

Questionnaire en ligne

Les matières premières subissent l'influence du climat de la pièce dans laquelle on travaille. Cette influence n'est en fait pas immédiate, elle met un certain temps à se faire sentir, une boîte de films par exemple mettra plusieurs heures à s'acclimater à une pièce.

C'est pour cette raison qu'il faut stocker les matières que l'on va travailler dans le lieu même de travail.

Les typons n'échappent pas à cette règle, ils subissent les différences de température et d'humidité que l'on peut constater à divers endroits d'un atelier. Comme éléments produisant des variations de température on peut citer l'ambiance particulière d'une développeuse, d'une sécheuse, la chaleur de la vitre d'une table de montage, la proximité d'un radiateur, une table qui reçoit le soleil derrière une vitre à certains moments de la journée, la chaleur que dégagent les lampes UV lors de l'insolation.

Tous ces endroits ont des températures et une humidité propres, différentes de celles de la pièce. L'influence sur le typon se fera sentir par une déformation d'autant plus grande que celui-ci sera moins table. Ces déformations se matérialiseront par des changements de dimensions (agrandissement /réduction), des gondolements, et parfois même la détérioration complète en cas de conditions extrêmes, un typon en rhodoïd que l'on force à sécher avec trop de chaleur se recroquevillera sur lui même, il fondra en quelque sorte (ceci arrive quand on force le séchage des retouches avec un sèche-cheveux que l'on tient trop près du film.)

C'est pour cette raison qu'il faut choisir au départ un support stable c'est à dire un support dont la dimension en plus ou en moins est égale ou inférieure à 0,02 % soit 0,2 mm pour une largeur de 1000 mm d'un bout à l'autre du cycle de préparation (du début à la fin de la réparation du typon). Par exemple le Rhodoïd (acétate) est une matière stable, par contre le papier calque, les masques que l'on peut faire avec du papier ou du PVC ne sont pas stables. Le calque papier se déforme au point d'être inutilisable par temps humide or la gouache et l'encre de Chine sont humides. Le PVC se déforme par la chaleur et la tension.

Malgré tout les films stables et à fortiori les autres, se déforment lorsqu'on est forcé de leur appliquer un traitement particulier et aussi parce l'on ne travaille pas toujours dans des conditions idéales.

Ce changement de dimension se calcule en tenant toujours compte des deux facteurs, la température, notée "t" et l'humidité notée "h". L'humidité relative "rh" varie en fonction de la température, si celle-ci baisse l'humidité relative augmente et inversement si la température monte, l'humidité relative baisse.

La donnée à prendre en compte pour calculer les variations de températures est le coefficient de température qui se calcule en prenant les mesures d'un matériau donné à une température de base puis à une autre température, c'est la différence entre les deux longueurs compte-tenu des degrés ajoutés, que l'on appelle coefficient de température.

Ce coefficient est noté dans les notices qui accompagnent les produits. Pour les films d'acétate il est de 0,0027 % c'est à dire qu'ils s'allongent de 0,000027 mm par degré de réchauffement.

La formule pour calculer l'allongement en fonction de la température est la suivante.

W1 est la différence de longueur (ce que l'on cherche à calculer).

K1 est le coefficient de température.

t0 est la température de base.

t1 est la nouvelle température

L est la longueur du film.

Prenons un exemple, vous travaillez dans une pièce à 18 ° (t0), vous avez à retoucher un film qui mesure 50 cm (L) de long (500 mm), la température de la vitre de la table de montage est de 32°,(t1) ;

L'élongation sera de : 0,000027 x (32 -18) x 500 = 0,189 mm

Attention, si nous voulons le résultat en mm il faut que le coefficient de température (K1) et la longueur (L) soient notés en mm.

L'autre coefficient à connaître est celui qui concerne l'humidité relative (rh). Il varie d'une matière à l'autre, il est donné sur la notice qui accompagne le produit (comme pour les températures il résulte de la mesure du support avant et après l'augmentation du taux d'humidité.

Pour les films d'acétate le coefficient d'humidité (K2) est de 0,000012 mm pour une augmentation de 1% d'humidité relative.

Pour calculer cet allongement dû à l'humidité relative (W2) il faut appliquer la formule suivante :

W2 est le chiffre que l'on cherche; l'allongement du support.

K2 est le coefficient d'humidité,

rh 0 est l'humidité de départ,

rh 1 est l'humidité d'arrivée,

L est la longueur du support,

Exemple : Vous êtes dans un local où l'humidité relative (rh0) est de 50 %, le film d'acétate que vous utilisez mesure 50 cm (L) l'humidité se trouve portée à 85 % (rh 1) l'élongation sera de : 0,000012 x (85 - 50) x 500 = 0,21 mm.

Ces 2 résultats K1 et K2 sont partiels car, comme il a été dit plus haut, l'humidité relative varie en fonction de la température. Le résultat définitif (K) sera l'addition ou la soustraction de ces résultats partiels

 

W = différence de longueur définitive W1 = différence due à la chaleur W2 = différence due à l'humidité

Pour les exemples que nous avons examinés cela donnerait une

élongation de O,189 mm + 0,21 mm = 0,399 mm .

Inversement il est intéressant de connaître la quantité de chaleur et d'humidité qu'un support peut tolérer en restant stable, c'est à dire garder sa dimension dans la tolérance (yL) admise ou que l'on se donne. Ces 2 quantités que l'on va noter, Vt pour les températures et Vh pour l'humidité se calculent par 2 formules :

 

Dans l'exemple que nous suivons depuis le début la tolérance de stabilité (yL) est de 0,002 % (0,2 mm par 1 mètre).

Si on applique les formules cela nous donne pour les températures :

et pour l'humidité:
Le tableau suivant récapitule une série de résultat (pour les feuilles d'acétate).

longueur du film

(L)

tolérance

(yL)

variation de température

(Vt)

variation d'humidité

(Vh)

50 cm
0,010 mm
0,75°C
1,65%

0,025 mm
1,85°C
4;16%

0,050 mm
3,70°C
8,35%

0,100 mm
7,40°C
16,65%

Les feuilles d'acétate ne sont pas les seules à subir ces variations, tous les matériaux subissent l'influence de la chaleur et de l'humidité conjuguées : les tissus des écrans, les supports papier ou PVC, les cadres eux-mêmes, le coefficient de dilatation à la chaleur (K) de l'aluminium est de : 0,000024 mm ; pour l'acier il est de 0,000012 mm. Ceci veut dire qu'un écran alu de 1 mètre de côté s'allonge de 0,480 mm pour une élévation de température de 20°c cette élévation correspond à la différence entre la température de l'atelier 20° c et celle des tiroirs de séchage des écrans (réglés en général à 40°).

En changeant de dimension l'écran agrandit évidemment d'autant le cliché qui est dessus.

Ces déformations sont minimes, et il s'agit de savoir à quel moment et dans quelles circonstances elles ont de l'importance. On doit en tenir compte chaque fois qu'une grande précision est nécessaire, dans l'industrie de l'électronique ces éléments sont pris très au sérieux.

Dans les travaux courants qui réclament une grande précision il faudra aussi les prendre en considération car il ne faut pas oublier qu'il vont accentuer et s'ajouter à d'autres facteurs d'imprécision que nous avons vus précédemment, et même tout simplement s'ajouter entre eux. imaginons simplement que les typons s'agrandissent de 0,05 mm, que l'écran (avec la photogravure) s'agrandisse de 0,5 mm et, que pour finir la feuille elle même travaille dans un sens ou dans l'autre. Des différences minimes feront dans ce cas de figure des différences bien visibles.

 

Source : société ZBF.

cours principaux : exercices : suppléments : documents pdf : galerie : référentiel : liens

© Serge RENOUD

Dépôt légal en décembre 1999