Cours complet de sérigraphie

© Serge Renoud - ISBN - 2-9512454-1-6

La photographie

Comme aide à la compréhension de ce chapitre servez-vous du questionnaire N° 20

Ce cours n'a plus grand intérêt pour le métier de sérigraphe, les typons étant aujourd'hui réalisés sur des imprimantes numériques (note du mois d'octobre 2008).

La photographie est une technique qui est à notre disposition pour fabriquer des typons. Le procédé photographique se sert de la réaction qu'ont certains produits chimiques avec la lumière, (la racine grecque : "photo" veut dire lumière).

L'utilisation de la lumière pour la reproduction graphique était courante avant l'invention de la photographie (Niepce vers 1820) à travers un appareil appelé "la chambre obscure" (camera obscura). Cet appareil consistait en une boîte close; au centre de l'un des côtés était percé un trou très étroit, le côté en vis à vis était une plaque de verre dépoli. La lumière pénétrait dans la boîte par cet unique trou et se trouvait projetée sur la plaque de verre. Il ne restait plus qu'à dessiner le motif directement sur la vitre ou sur un papier transparent.

Le système que nous utilisons avec un banc de reproduction est sensiblement le même, à ceci près que le papier transparent est remplacé par une feuille sensible à la lumière.

Étrangement l'appareil photographique a le même fonctionnement que l'oeil. Il est constitué d'une chambre noire où l'iris devient le diaphragme, le cristallin l'objectif, la rétine la surface sensible et les paupières l'obturateur. Capturer la lumière, la doser, la mesurer est tout le travail du photographe. La lumière se capture sur des surfaces sensibles (des films), se dose avec un diaphragme et un compte-pose et se mesure à l'aide d'une cellule (densitomètre). Ces trois catégories d'outils sont réunis dans l'appareil photo (ou dans le banc de reproduction qui n'est autre qu'un appareil photo professionnel, non portable et grand format).

Pour prendre une photo il faut en plus maîtriser la mise au point qui réglera la netteté de la photo. Sur le banc cette mise au point se fait automatiquement. En effet une fois qu'une distance est programmée (un agrandissement ou une réduction), l'appareil règle lui même la mise au point en éloignant ou en rapprochant l'objectif de la surface sensible. Ce déplacement se fait en ligne droite, le soufflet effectue un mouvement de haut en bas. La distance qui sépare l'objectif de la surface sensible quand l'appareil est réglé de manière à avoir une image nette d'un objet situé à l'infini est appelée longueur focale. Cette longueur est exprimée en millimètre et, est notée sur les objectifs de la façon suivante : F=50, F=90, etc., ce sont ces chiffres qui permettent de différencier les objectifs entre eux.

La distance focale nous renseigne aussi sur l'angle que peut embrasser un objectif: plus la distance focale est courte, plus l'angle est grand. Un objectif de 33mm est un grand angle, un 135mm a un angle étroit (téléobjectif) et un 50mm a un angle de vision sensiblement le même que celui de l'oeil humain.

La lumière qui entre dans la chambre noire doit être dosée. Pour cela tout banc de reproduction dispose d'un diaphragme qui contrôle le volume de lumière qui passe à travers l'objectif, et d'un compte pose qui contrôle la durée de ce passage. L'ouverture du diaphragme est réglable, elle est codifiée avec des chiffres que l'on retrouve sur tout type d'appareil (banc, appareil photo familial, agrandisseur). Ces graduations sont notées de la manière suivante : f/22, f/16, f/11, f/8, f/5,6, f/4, f/2,8, chaque ouverture correspond à une entrée de lumière deux fois plus grande que la graduation précédente.

L'obturateur est un petit rideau de métal (titane) qui bouche le trou par lequel la lumière pénètre dans la chambre noire du banc quand le décompte du temps arrive à son terme.

Les surfaces sensibles sont très nombreuses, papiers ou films elles ne sont pas toutes sensibles à la lumière de la même façon. Plus un film réagit vite à la lumière, plus il est "rapide". Il existe des échelles de valeurs pour noter cette rapidité. Par exemple la référence des USA dite "ASA" : un film de 100 ASA est de fois plus rapide qu'un film de 50 ASA c'est à dire qu'il faudra deux fois moins de temps pour impressionner un film 100 ASA qu'un film 50 ASA les conditions d'éclairage étant identiques ou encore qu'il faudra deux fois moins de lumière pour prendre une photo avec un film 100 ASA qu'avec un film 50 ASA le temps étant cette fois identique. Plus un film est rapide moins sa surface sensible permet la réalisation de finesse, les photo. prises avec des films rapides ont du "grain". Les films que l'on utilise pour la reproduction de dessins au trait peuvent être d'une sensibilité de 18 ASA. Il existe une unité de mesure qui côtoie l'autre sur les paquets de film ce sont les "DIN". Il s'agit d'une mesure allemande qui suit une autre progression.

Un film est constitué d'une feuille d'acétate sur laquelle a été coulé (pour la technique du coulage voir le cours plasturgie) de la gélatine contenant des sels d'argent par exemple.

Les films sont conditionnés en rouleaux pour les appareils portables et en feuilles pour les autres.

Une fois que le film a été impressionné par la lumière on le glisse dans la développeuse qui nous restitue au bout de quelques minutes une véritable photographie. Dans une développeuse il se passe exactement la même chose que dans le laboratoire d'un amateur. Celui-ci procède de la manière suivante : son laboratoire est éclairé en rouge, il prend son film où apparemment rien ne s'est passé avec l'action de la lumière et le met dans une première cuvette contenant du révélateur; le film devient d'abord blanc puis petit à petit l'image apparaît sur le fond blanc. Il met ensuite la feuille dans une deuxième cuvette contenant de l'eau, il s'agit du premier rinçage. Une troisième cuvette remplie de fixateur reçoit à son tour le film qui devient au bout de quelques instants transparent.

En sérigraphie en plus de la fabrication des typons on peut se servir de la photographie de trois autres manières : la découpe photographique de film masque, la projection pour réaliser des grands formats et la fabrication de plusieurs positifs avec des contrastes différents (voir le cours contraste).

Pour restituer la photo d'un portrait en sérigraphie on a recours au tramage qui transforme les zones des différents gris en points plus ou moins gros et plus ou moins rapprochés. Cette manière de faire à l'avantage d'imprimer en une seule fois. Néanmoins pour restituer un portrait on peut avoir recours à un autre procédé. Il s'agit de faire à partir d'un original noir et blanc une série de trois ou quatre positifs avec des contrastes différents et de les imprimer les uns sur les autres, la couleur la plus claire à l'aide du positif le moins contrasté et ainsi de suite.

Au niveau du tirage il n'y a aucune difficulté puisque qu'il s'agit

d'imprimer des aplats.

La difficulté réside dans la confection des positifs, on peut faire comme suit : à partir du négatif qui a permis de faire la photo originale il faut faire un premier positif par contact avec un temps de pose assez court, puis un deuxième en doublant le temps et ainsi de suite jusqu'au dernier. Il faut ensuite inverser ces positifs par contact et agrandir ces nouveaux négatifs pour avoir enfin les typons définitifs. Ce passage successif d'un positif à un négatif à pour conséquence d'éliminer les zones grises, de durcir les prises de vue, en un mot de contraster. Ces typons auront l'aspect de taches où il sera très difficile de reconnaître la photo finale. Pourtant en imprimant le premier typons (celui qui est le plus noir) en gris très clair, le second avec un gris un peu plus foncé, le troisième avec un gris foncé, et le quatrième en noir on aura une superbe photo.

Rien n'empêche de remplacer ces gris par toutes sortes de combinaisons de couleurs, l'effet n'en sera que plus psychédélique (en respectant néanmoins l'ordre des typons et l'empilage clair ----> foncé).

La sérigraphie utilise la photo indirectement quand il y a des typons de très grands formats à réaliser ou avec de très grosses lettres. Imaginez que vous ayez à réaliser une affiche de 2m X 1,5m avec le simple mot "NON". Il serait économiquement peu judicieux de faire un agrandissement de ce mot au banc. Il faudrait d'ailleurs le faire en plusieurs morceaux, la consommation de films et de produits serait importante et les retouches innombrables. Le plus commode dans ce cas de figure est de faire au banc une reproduction de 20 cm x 15 cm et de la projeter sur un papier opaque à l'aide d'un retroprojecteur. Il suffit alors de dessiner le contour de chaque lettre et de découper celles-ci. Cette technique de projection est aussi utilisée par les peintres en lettres pour faire des pancartes et des devantures de magasin.

Depuis quelques temps nous avons à notre disposition une nouvelle gamme de films de découpe. Ces films se découpent photographiquement grâce à l'action des rayons U.V. Ils sont utilisés pour faire des mises en couleurs. Par exemple pour la mise en couleur d'un dessin au trait il suffit de poser le typon de ce dessin sur une feuille de ce film et d'exposer aux UV (comme pour l'insolation d'un écran). Les rayons vont durcir en quelque sorte la pellicule sauf aux endroits où ils ne pourront pas passer c'est à dire sous les traits noirs du dessin. Ensuite il suffira d'enlever les parties rouges qui ne sont pas désirables et de laisser celles que l'on voudra voir colorer sur l'image.

 

CONSEIL POUR L'UTILISATION DU BANC (le modèle Chemco dans l'atelier de sérigraphie)

Il ne faut pas intervenir quand le banc travaille, c'est à dire ne toucher à aucun bouton quand il prend la photo, se met en position, change d'objectif ou calcule un temps.

À chaque modification que l'on apporte dans les réglages (agrandissement, réduction, changement de diaphragme), le banc recalcule le temps de pose. Ce temps d'exposition doit être cohérent.

Avec un même objectif le temps de pose augmente du double et un peu plus si on double le pourcentage d'agrandissement, par exemple si le temps est de 40, pour 100% il sera de 90 pour un agrandissement à 200%. De même si on ferme le diaphragme d'un numéro le temps double, par exemple si le temps est de 40 pour une ouverture de 16 il sera de 90 pour une ouverture de 22.

Prendre garde à ne pas confondre les interrupteurs qui mette le banc en position de chargement (LOAD ON/OFF) et l'interrupteur qui allume manuellement les lampes.

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© Serge RENOUD

Dépôt légal en décembre 1999